Le Bénin: Un concentré de richesses
Nous arrivons en début d’après-midi à « Nati » après quelques accrocs à la frontière (côté Togo) où une photo sans permission prise par Astrid mettra en exergue toute la stupidité des agents douaniers. Et je pèse mes mots. Nous faillîmes en venir aux mains.
Afin d’évacuer le trop plein de rancœur, Rémi eu la délicate attention de faire une petite halte bière dans un village proche de Djougou. Au moment de commander, j’entends mes voisins de table commenter les résultats politiques de l’élection présidentielle fraîchement dévoilés. J’interviens afin d’obtenir de plus amples informations…. Et hop, nous voici à refaire le monde! Nous finîmes par débattre à 8… deux tournées plus tard, l’ambiance était magique Tout y passé. La politique, les femmes, la religion…. C’est le genre de moment impromptu qui me procure tellement de joie que j’y serais resté « jusqu’à fatigué »… Toutes les bonnes choses ayant malheureusement une fin, nous embarquons à nouveau pour poser nos valises quelques km plus loin à l’hôtel Kaba de Nati. Départ prévu pour le Safari le lendemain à 6h.
À 6h effectivement, Issa, notre guide, nous attend à bord de la vieille Mercedes G de son frère. 3km plus loin, la courroie de l’alternateur nous lâche. Comme par magie, deux mécaniciens passent dans le coin. 2 heures plus tard nous partons comme si de rien n’était. Escale à Tanguieta pour s’approvisionner en eau et c’est parti pour la piste. Et on va en bouffer pendant 2 jours. Contrairement aux parcs de l’Est, le parc de la Pendjari est resté plus authentique. Pas de surcommercialisation. Un travail de préservation et de lutte contre le braconnage efficace. Bref, une visite qui vaut le détour comme le montre les images ci-dessous. Malgré tous les efforts d’Issa (le premier jour) et de Léon (le deuxième jour), nous ne parviendrons pas à voir de lions ni d’éléphants (seulement les fesses… et de loin!). Vraiment pas de chance… Tant pis, nous aurons passé d’agréables moments en compagnie de nos guides et de Rémi.
De retour à Natitingou le mercredi 06 avril (jour de l’investiture du nouveau président béninois, Patrice Talon, nous planifions avec Issa la visite, le lendemain matin de la région de Koussoukoingou, connue pour ses tatas, fameuses maisons fortifiées en terre erigées par les ethnies du nord pour se protéger des rois du Dahomé qui venaient régulièrement dans la région faire des rafles pour ensuite vendre les hommes aux européens spécialisés dans le commercer négrier. Ces constructions sont erigées exclusivement à base de terre et d’eau (ainsi que de troncs d’arbres pour la dalle de l’étage). La tradition a perduré et l’architecture a conservé toute son authenticité et son ingéniosité. Certaines de ces tatas ont plus de 100 ans! Elles demandent néanmoins un travail d’entretien récurrent: toitures en paille, termites (le feu est mis tous les jours à l’intérieur pour noircir le bois et le rendre ainsi impropre à la consommation des termites), crépis et j’en passe…Une visite extrêmement enrichissante. Tant sur le plan culturel, architectural que social. En effet, tout le village s’est organisé afin que chaque visite (payante) contribue au développement de toute la communauté. Un système bien rodé qui permet de retenir les jeunes au village, d’accroître le potentiel touristique de la région avec la construction de nouvelles tatas chaque année et d’aider les anciens à entretenir leur demeure. Une visite véritablement mémorable.
Il est temps de prendre la route vers le Sud. Direction Abomey.
Abomey, capitale historique s’il en est une, du Bénin. Les rois du Dahomé s’y sont succédés pendant près de 300 ans et, bien que le dernier roi « reconnu » ait régné jusqu’en 1900, l’influence de cette culture (dont le Vaudou fait d’ailleurs partie) est demeurée bien présente dans les esprits et dans le quotidien des locaux.
Après avoir visité la fameuse place Béhanzin, portant le nom de l’avant dernier roi du Dahomé, celui qui a osé dire Non à la France et qui s’est vu exilé aux Antilles puis en Algérie, nous prenons la direction des fameux palais royaux. C’est au cours de la visite que nous ferons connaissance de Claire, Anaïs, Pauline, Judith et Jacob.
Une nouvelle coïncidence de « timing » nous permet d’assister, aux premières loges, à l’intronisation d’un nouveau roi de collectivité. La cérémonie, à laquelle assiste l’actuel roi du Dahomé (dont le rôle est uniquement symbolique), est présidée par les ministres du royaume. Un voisin bienveillant nous expliquera et nous traduira tous les protocoles de la cérémonie.
Le lendemain, nous retrouvons nos 5 acolytes (enfin 4… Anaïs étant tombée malade…) pour une promenade qui s’avérera des plus surprenantes! En plein milieu de nulle part… un petit village. Et au cœur de ce village… un temple vaudou en forme de caméléon ainsi qu’un couvent vaudou doté d’une impressionnante entrée en forme de gueule de panthère! Nous assisterons à une « messe » vaudou au « cœur » du caméléon géant. Chants, danses, musiques, invocations de divinités et sermons sur l’amour du prochain… L’occasion pour nous de démystifier cette religion trop souvent associée à la sorcellerie, à la magie noire. Le Vaudou n’est ni plus ni moins qu’une religion avec ses bons… et ses mauvais côtés comme nous le verrons plus tard à Ouidah ;.)
Il est temps de filer. Les compères du jour nous invitent à Porto-Novo. Nous nous y rendons sans rechigner! Nous passerons 3 nuits dans la maison partagée par Anaïs, Claire et Pauline, trois volontaires œuvrant dans la santé, la gestion et l’administration. Nous profiterons de deux journées pleines pour visiter les musées Da Silva et d’Ethnographie, pour arpenter les rues de la ville coloniale à pied ou en zem, pour découvrir les richesses architecturales de la capitale administrative du Bénin (notamment la vieille mosquée, construite telle une cathédrale par les descendants d’esclaves revenus du Brésil auxquels les portugais avaient enseigné l’art de construire des églises). Point d’orgue de notre visite de Porto Novo : la ferme SONGHAI. Un site incroyable où rien ne se perd! Les animaux élevés sont abattus pour la nourriture, leurs intestins sont utilisés pour produire des asticots afin d’alimenter les poissons et leurs excréments sont utilisés pour fertiliser les sols. Ces mêmes sols produiront des aliments utilisés pour la consommation directe ou pour transformation (boissons, yaourts, savons, huiles…). Les déchets récupérés au terme de la transformation génèrent du biogaz permettant d’alimenter les générateurs de la ferme. Grâce à ces générateurs, les machines de recyclage de plastique, en partie construites sur place par les nombreux étudiants, peuvent faire des vieux déchets plastiques de nouveaux récipients équipés de filtres à eau. Et ainsi de suite… Débuté il y a 30 ans par un prêtre nigérian (très sympa d’ailleurs), le projet ne cesse de grandir et de nouvelles divisions ont été créées en Afrique… ainsi qu’en France, à Lyon.
Dernière soirée à Porto Novo. Je m’éclipse en célibataire pour voir les quarts de finale de Ligue des Champions en compagnie des jeunes du quartier. Ces derniers sont littéralement amoureux de Cristiano Ronaldo ;.).
Mercredi 13 avril, nous partons au petit matin en direction de Ganvié, village lacustre situé à 2 heures de pirogue de Porto Novo. 15000 CFA plus loin (pour les deux), nous mettons pied « à terre » dans la seule auberge du village. Après avoir siroté une petite mousse sur la terrasse où un bon vent venait nous caresser les oreilles, nous décidâmes de sillonner le village en pirogue. Bien que la quasi-totalité de la localité soit sur pilotis, on y trouve de tout. Une église, une mosquée, un temple des chrétiens célestes, un temple vaudou, un coiffeur, des toilettes publiques… ainsi qu’un marché!!! Il est ainsi fréquent de rencontrer des pirogues remplies de tomates, oignons, piments, pains… ainsi que d’autres embarcations équipées de matériel de cuisine (marmites et feu à même la pirogue!) ou de fagots de bois. Cette petite escale lacustre nous aura permis de retrouver Matt et ses amis, tous 4 bretons, brièvement aperçus en plein cœur de la Pendjari. Une excuse pour partager quelques bières supplémentaires et pour passer une excellente soirée. Petite parenthèse, je recommande vivement le guide de la bande, Noël NABOGOU, qui organise, tout au long de l’année, des parcours touristiques à travers le pays. Pour la richesse de ses excursions bien sûr, mais surtout pour la qualité de ses explications et ses connaissances très poussés de la faune, de la flore et de l’histoire de son pays ainsi que des différentes ethnies qui le composent. Pour contacter Noël : par téléphone au +229 97 35 59 74 ou par email : nabogounoel@yahoo.fr
Le 14 en début d’après-midi, nous arrivons à Ouidah, au terme d’un parcours pirogue-zem-taxi brousse plutôt sympathique. Chambre à l’hôtel de La Joie réglée (autre recommandation!), nous entreprenons la visite de la ville à pied. Sur conseils de Claire, nous débutons par la fondation Zinsou. Consacrée à l’art, l’exposition se démarque des autres musées du pays par le caractère contemporain et panafricain de ses œuvres. Petit coup de cœur également pour la décoration de son café (voir photo). Au terme de la visite, direction le temple aux pythons. Divinité vaudou, le python est adoré à Ouidah. Situé en plein cœur de la ville, le temple abrite une quarantaine de pythons, quelques fétiches et un iroko sacré au pied duquel sont régulièrement sacrifiés poulets et moutons. Il est intéressant de noter que chaque mois les pythons sont laissés libres afin de pouvoir s’alimenter en ville. Ils entrent dans les maisons des habitants et se nourrissent de rats ou de poussins. Rien à craindre, les pythons sont inoffensifs pour l’homme!
Avant de rentrer, nous nous rendons au « Vatican » Vaudou, palais du Pape Vaudou afin de rencontrer le plus haut représentant de cette religion et d’échanger avec lui quelques mots… Quelle ne fut pas notre surprise!!!
À peine rentrés à l’hôtel, nous fîmes la rencontre de Serge, Georges et Raoul, trois béninois membres d’une ONG visant à défendre les droits des femmes et des enfants à travers le pays. Et c’est reparti pour une soirée refaisage de monde rythmée par des fous rires et des expressions sonores dont seuls les africains ont le secret! ;.) Une belle soirée en somme. Une de plus. Décidemment, le Bénin nous bénit.
Le RDV était pris pour 7h du matin le lendemain afin de parcourir les 3,5km de la route des esclaves menant de « La place aux enchères » à la plage. Le climat déjà pesant s’alourdissait au fil du chemin tandis que notre guide expliquait, avec moult détails, comment les esclaves étaient arrachés de leur terre puis embarqués vers un avenir des plus sombres.
Dans l’après-midi, je pris 1 heure afin de rencontrer Mito Daho Kpassenon, le roi de Ouidah, qui m’accueillit avec plaisir et m’expliqua, avec tout autant d’entrain, comment fonctionnait son royaume et quels étaient les grandes lignes de la religion vaudou. Le tout, sans demander le moindre centime ni la moindre bouteille de Royal Dock Gin…;.) Pour les prochains visiteurs de Ouidah, je vous invite à contacter le roi par téléphone au +229 95 40 96 26. Ce dernier se fera un plaisir de vous recevoir et de répondre à toutes vos questions.
Après un rapide détour par le fort portugais, nous reprenons la route vers Cotonou! Là-bas nous attendent Dieudonné, Agnès et leurs 4 enfants. Au programme, repos, excellents repas et visite de la ville. Un grand merci à la famille pour leur accueil et leur générosité à notre égard. À charge de revanche.
Ça y’est, nous sommes fins prêts à quitter l’Afrique de l’Ouest… Enfin… si le paiement en ligne de notre vol Cotonou-Douala est enfin accepté!!!
il est vrai que l on pourrait en parlé ( jusqu a fatigué ) comme on dit au pays …….. comme j aimerai être avec vous Donné et toute sa famille .
Merci encore pour vos belles photos bises Georges