Népal: Des treks, oui… Mais pas que!
Katmandou, Népal. Nous y arrivons le 9 septembre en début d’après-midi après avoir fui l’effervescence continuelle de la surpeuplée Inde voisine. Bon, comme toute arrivée dans un nouveau pays ne peut se faire sans accroc, il fallut qu’on y ait droit! Cette fois c’est tombé sur Astrid. Ou plutôt sur son passeport mexicain. Impossible pour les agents de l’immigration de le scanner. Ils s’y sont repris à une bonne trentaine de reprises. Rien n’y fit. On leur expliqua que ce même passeport avait servi en Inde et dans de nombreux autres pays. Rien. Un agent nous lança même un « c’est un passeport suspect ». Au bout d’un moment, leur supérieur vint à notre rencontre pour nous avouer qu’il s’agissait d’un problème de machine et que le plus simple serait d’utiliser le passeport américain à la place du mexicain. Résignés, nous obtempérons. Bizarre quand même!
Mais cet accroc ne nous empêchera pas de profiter pendant 2 jours et demi de la capitale. Comme tout bon touriste, nous avons pris nos bases dans le quartier de Thamel, bien connu pour ses centaines (milliers?) de boutiques vendant de l’artisanat local, des vêtements népalais/tibétains/hippies ou encore du matériel de montagne de contrefaçon. Bien connu également pour ses vendeurs de rue te proposant du haschich devant chaque hôtel ou des treks dans LE massif de l’Himalaya! Mais Katmandou, ce n’est pas que Thamel. Fort heureusement! En micro (transport en commun des locaux), en tuk tuk électrique ou à l’aide de nos petites gambettes nous parcourrons l’ouest et le sud de la ville visitant au passage le temple Swayambhu, le Garden of Dreams, le Katmandou Durbar Square, le Patan Durbar Square ainsi qu’une bonne centaine de petites ruelles résidentielles et de grosses artères commerciales où les dégâts causés par le séisme de 2015 demeurent encore bien visibles.
Il est temps de dire au revoir à Katmandou. Nous y reviendrons au terme de notre périple népalais pour profiter des aubaines commerciales et poursuivre notre visite des environs. Mais pour l’instant, direction Lumbini!
Après un long voyage en bus pour le moins chaotique nous y arrivons. Pourquoi long? Car au lieu de 7h il nous en aura fallu 14 pour arriver à destination. Pourquoi chaotique? Fin de saison des moussons oblige, les routes sont dans un état déplorable et les éboulements sont monnaie courante. L’un deux, juste devant nous (et assez impressionnant!!) nous a bloqué pendant près de 2 heures. Pourquoi Lumbini? Car c’est l’un des lieux saints du Bouddhisme. Et pour cause, c’est ici qu’est né, il y a près de 2500 ans, Siddartha Gautama, plus connu sous le nom de Bouddha!
Nous y passerons une journée à marcher sous un soleil de plomb. Du site archéologique où l’endroit exact de la naissance a été conservé jusqu’à la Pagode de la Paix érigée par les japonais en passant par les nombreux stupas des monastères allemands, français, vietnamiens etc… Un vaste domaine entièrement consacré à la méditation et à la spiritualité, loin de la version occidentalisée du Bouddhisme parfois influencée par le consumérisme. (voir article).Un chic type ce Bouddha quand même! Mais bon, trop de spiritualité tuant la spiritualité ;.), nous continuâmes notre visite des environs en marchant dans le village voisin. Les sourires et les regards redeviennent alors, contrairement au Nord de l’Inde, sincères et curieux. Agréable. Cerise sur le gâteau, nous nous arrêtons pour grignoter un morceau et l’hôte des lieux nous invite dans son salon où il fait un peu plus frais et où s’amusent ses enfants. Un très bon moment. Simple mais tellement appréciable!
Nous partons le lendemain au petit matin en direction de Tansen. Tansen, c’est un petit village se situant à mi-chemin entre Lumbini et Pokhara, dans une zone montagneuse au climat tempéré. YÉÉÉÉÉÉ! Tellement content de voir des montagnes!
À Tansen, il n’y a pas de touristes. Du moins, pas de touristes étrangers. C’est une bonne chose. Ça laisse présager une certaine authenticité. Le revers de la médaille… c’est que tout est affiché en népalais! C’est cool… mais du coup… pas facile de trouver un hôtel! C’est en marchant à travers le dédale de ruelles particulièrement inclinées de cette petite ville que nous tombons sur un « home stay » tenu par Man Mohan. Man Mohan, c’est un professeur d’économie à la retraite qui tient, en compagnie de sa femme et de l’une de ses filles une sorte d’office de tourisme informel et met à disposition des quelques rares visiteurs croisant son chemin 2 chambres. Nous y resterons 3 nuits. Nous y apprendrons à préparer la spécialité nationale, le Dahl Bat, avec Jenny, sa fille. Nous arpenterons les collines alentours, notamment la fameuse Srinagar Moutain qui surplombe la ville et qui offre un panorama splendide. D’un côté sur la vallée. De l’autre sur le massif de l’Annapurna. Nous visiterons le vieux temple hindou construit en 1806 et mettant en relief (littéralement parlant) le kamasutra sur ses nombreuses boiseries. Nous découvrirons la fabrique de « jarres » métalliques, spécialité de la région. Et enfin nous nous perdrons ci et là entre maisons colorées et forêt de sapins. Toujours accompagnés par les chants/sermons/musiques du festival dédié à Ganesh. De 6h du matin à 21h, sans interruption… Sympa au début. Moins à la fin ;.).
Le 17 au matin, nous faisons nos adieux à Man Mohan et sa famille et prenons le chemin de Pokhara, située au Nord Est de Tansen. 130km réalisés en… 6h des plus chaotiques. Ayant préféré l’option locale (Bus Tata coloré où plus rien ne tient d’aplomb… surtout pas les sièges ;.)) à l’option touristique (Grand car avec clim) pour parcourir ce tronçon de route complètement défoncé par la mousson, nous avons souffert. Seuls les paysages grandioses et la présence d’enfants super enjoués à nos côtés nous offrirent quelques moments de répit et de bonheur au cours de ce périple!
Pokhara, nous y arrivons enfin! 3ème agglomération du pays, Pokhara est une ville touristique (point de départ de nombreux treks oblige) posée au bord d’un petit lac et entourée de montagnes mythiques culminant pour certaines d’entre elles à plus de 8000m.
Alors manque de chance (il faut bien que ça nous tombe dessus un jour ou l’autre), les moussons qui pourtant étaient censées prendre fin depuis quelques jours/semaines font des heures sup’. Résultat des courses, tous les sommets sont recouverts d’épais nuages menaçants laissant éclater de temps à autres d’impressionnants coups de tonnerre. Des pluies torrentielles, et mortelles, s’abattent également quotidiennement sur la ville. On n’avait pas vu ça depuis 14 ans ici. C’est gris, c’est pluvieux. Bref, ça aurait pu être mieux ;.). Mais le malheur des uns faisant le bonheur des autres, c’est ma petite Astrid qui jubile à l’idée d’annuler nos projets de treks dans le massif de l’Annapurna. Son amour pour les randos d’altitude n’étant pas, et c’est un euphémisme, sa tasse de thé…
Nous marcherons toutefois énormément. Dans la ville tout d’abord, ou plutôt les villes : la touristique (LakeSide) et la locale (New Road etc…) où nous tomberons tantôt sur une manifestation politique bien encadrée par des policiers surprotégés, tantôt sur un petit marché où, une fois n’est pas coutume, je me ferais littéralement arnaquer par une petite mamie vendant du sel rose de l’Himalaya. Je ne m’attarderai pas sur le sujet ;.)
Nous entreprîmes également une rando sur deux jours (1er jour : Pedhi-Dhampus-Australian Camp – plus de 1000m de dénivelé ascendant / 2ème jour : Australian Camp-Kadé-Naudada… écourté pour cause de pluie soutenue). Au cours de celle-ci nous fîmes notre première expérience sangsue… Elles pullulent en cette époque. Je fus initié au vin local, une espèce d’eau de vie de mil. Pas trop fort…. Mais pas trop bon ;.) Et nous aurons également l’occasion de prendre le petit déjeuner chez une famille de Kadé… avec du miel maison s’il vous plaît!
Après avoir été rejoints, pour notre plus grand plaisir, par nos acolytes Anne et Matthieu (voir notre article sur l’Inde : Aggra, Amritsar), nous allons multiplier les découvertes. Rando à la Pagode de la Paix puis aux Devis Falls (3-4 heures). Lever de soleil à Sarangkot, face à l’Annapurna, puis marche de 3-4 heures vers Naudada. Restos en veux-tu en voilà etc…
Avant de quitter Pokhara et de poursuivre notre route en compagnie de nos amis vers Gorkha, plus à l’Est, j’aimerais vous recommander deux endroits : Notre Guest House : Penguin Guest House à Lakeside. Une chambre correcte avec ventilo et eau chaude pour 500 roupies la nuit (4 euro). Mais surtout, un proprio au top, Ashok. Ancien guide local proche de la soixantaine, il fut d’une précieuse aide au moment de programmer nos randos… et il le fit toujours avec plaisir et avec le sourire.
Mais aussi le petit resto Anisha, presque en face de la Guest House, tenu par « my friend » lui aussi ancien guide reconverti dans la restauration. Sa cuisine est de qualité, ses prix sont abordables, l’ambiance de son établissement est roots et lui-même ainsi que son épouse sont de bons vivants, tout ce qu’il y a de plus agréable!
À Gorkha, le timing et le climat semblèrent s’acharner une fois de plus sur nous. Nous arrivâmes le lundi à 15h au terme de 3-4 heures de trajet plutôt tranquille. Le musée de la ville, principale attraction de cette cité autrefois la plus puissante du royaume du Népal, ferme le lundi à… 14h30 pour ne rouvrir que le mercredi matin! Qu’à cela ne tienne, nous prendrons notre mal en patience en déambulant dans les rues fortement inclinées de la ville. C’était sans compter sur le soleil de plomb… puis sur le brouillard, le lendemain matin, lorsque nous entreprîmes « l’ascension » de l’escalier menant à l’ancien palais de Gorkha surplombant la ville. 45 minutes au cours desquelles il nous fut impossible de profiter du paysage tant la brume était épaisse.
Tant pis, nous aurons toutefois pu apprécier la gentillesse des gens et en apprendre davantage sur l’histoire de cette petite ville. Car Gorkha est chargée d’histoire! Il y a près de 300 ans en effet, le pays était divisé en 50 petits États. Gorkha était l’un d’eux. C’est à cette époque que le roi de Gorkha, Prithivi Narayan Shah, réussit à unifier les 50 États pour ne former qu’un seul et unique royaume : Le Royaume du Népal. Il est à noter que la dynastie Shah règne encore de nos jours, de façon toute symbolique, au Népal.
Autre fait historique faisant la fierté de Gorkha : les guerriers de cette ville! Connus comme les Gurkhas, ces guerriers sont reconnus à travers le monde pour leur courage, leur discipline, leur couteau caractéristique (le Kukhuri ou Kukri)… et leurs résultats! Chaque année, près de 300 Gurkhas sont enrôlés dans l’Armée Britannique et dans la Police de Singapour. Ces guerriers ont également combattu au cours des deux guerres mondiales, de la guerre du Golfe etc…
Le voyage se poursuit. Prochaine étape : Bhaktapur, ville située à 13km à l’Est de Katmandou. Cette citée fondée au 12è siècle, dont le cœur historique est classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 79, a également été fortement éprouvée par le séisme de 2015. Bien que la majeure partie des édifices soit restée debout, les lézardes sont légions et les chantiers de reconstruction fort nombreux. Mais tout ceci n’enlève pas le charme certain de cette ville qui, bien qu’elle soit extrêmement touristique, demeure joviale et accueillante. Comme ses habitants!
Après 3 jours passés à Bhaktapur (dans la très recommandée et abordable Khwopa Guest House : http://khwopa-guesthouse.com.np/) , coup de tonnerre!! ;.) Matt et Anne, avec qui nous avons passé les 10 derniers jours à visiter, crapahuter, manger (et pas qu’un peu) et faire l’apéro… partent voler de leurs propres ailes pour quelques jours. Nous les reverrons bien entendu, et il vaut mieux pour eux ;.) à Katmandou avant leur départ pour l’Iran!
Mais comme l’Univers ne semble pas vouloir nous laisser voyager seul… Il nous a mis, ou plutôt remis, Nuria sur notre route! Nuria, c’est notre copine catalane rencontrée à Zanzibar quelques mois plus tôt. Un vrai plaisir de la revoir la Nuria. Elle et ses comparses de voyages: Silvia, Juan Jo, Montserrat et Juan, viennent d’arriver au Népal et ont un itinéraire bien établi. Coup de chance on partage le même au cours des deux prochains jours. C’est donc tous les 7 que nous prenons de la hauteur pour arriver à Nagarkot, à seulement 20km de là. Pourquoi Nagarkot? Car c’est l’un des principaux point de vue de l’Everest à proximité de la capitale. Nous ne pouvions en effet partir du Népal sans avoir admiré le plus haut sommet du monde!
Mais puisque la guigne semble nous poursuivre, là encore, pas le moindre sommet à l’horizon. La faute une fois de plus à une météo capricieuse. Tant pis, nous aurons passé une excellente après-midi et une excellente soirée chez Dhurba, notre hôte d’un soir. Dhurba est un ancien guide à qui on a malheureusement dû amputer une jambe suite à une expédition dans l’Himalaya. Mais loin d’être abattu, il s’est largement investi dans le développement social et éducatif de son village, et accueille de nombreux volontaires internationaux dans sa maison, transformée pour l’occasion en HomeStay. Je vous invite vivement à aller chez lui. Non seulement pour lui, mais également pour la vue splendide de sa maison sur la vallée et l’Himalaya (enfin… quand il n’y a pas de nuages…) et enfin pour le prix! (500 roupies, soit 4,50 euro la nuit. Soit moitié moins que le moins cher des hôtels environnants). Pour contacter Dhurba, deux solutions: Facebook: https://www.facebook.com/dhurbakb ou par téléphone: 984-148-8096. Petite anecdote intéressante concernant Dhurba, il y a quelques années, il s’est fait tatouer FREE TIBET sur le bras gauche… Ce qui lui valut 10 jours de prison à Lumbini (Le petit Népal a sans doute eu peur d’énerver la grande Chine voisine)! Il du donc effacer le tatouage en question. Il n’en fut rien. Il le transforma ironiquement, remplaçant TIBET par un dessin de Ganesh (voir photo)!
Après avoir tenté à nouveau notre chance de voir l’Everest au petit matin, sans plus de succès, et après avoir partagé un bon petit déj (avec fromage Manchego et jambon cru espagnol s’il vous plait!) avec nos amis ibériques, nous nous séparons! Un gros bisou, et un au revoir, sans doute plus vite que l’on ne le croit ;.)… et nous voilà en route pour notre dernière destination avant le départ: Boudhanath ou Bodnath, lieu sacré du bouddhisme se situant dans la banlieue de Katmandou.
Le stupa de Bodnath, l’un des plus grands du Népal a été construit selon les historiens au 14ème siècle de notre calendrier. Selon les légendes locales, il aurait été bâti il y a plus de 2000 ans puis restauré dans les années 1300… Je vous invite toutefois à consulter le lien Wiki suivant pour en savoir plus sur la version “officielle”. Pour ma part, je ne vous partagerai que quelques photos! Vous noterez là encore notre malchance ;.) Après les nuages, ce sont les échafaudages qui nous gâchent la vue! Mais tant pis, nous avons tout de même apprécié!
Et voilà! Notre périple népalais touche à sa fin. Plus que quelques jours à Katmandou pour réaliser les quelques emplettes manquantes, faire les papiers nécessaires à la poursuite du voyage, visiter les derniers recoins de la ville encore inconnus (notamment la fameuse Freak Street qui accueillit des milliers de hippies européens et américains dans les années 60 et 70 en raison de son commerce légal de drogues dures) et abattre une importante masse de travail. Car ça aussi ça fait partie de notre voyage! Ah, petite recommandation pour les adeptes de “bols chantants himalayens”: la boutique de Ronish! Un jeune passionné qui n’a pas hésité à prendre 30 minutes de son temps pour nous faire quelques séances gratuites de relaxation et méditation à l’aide de son produit gagne-pain. Pour contacter Ronish, vous pouvez soit l’ajouter à Facebook, soit lui envoyer un mél: ronishtm777@gmail.com … Et puis tant qu’on en est aux recommandations à Katmandou: le restaurant de l’hôtel Potala, en plein coeur de Thamel est magique! Un super service, une bouffe incroyable et des prix tout à fait corrects! Et pour dormir, le Thamel White Lotus Guest House vous offrira une chambre avec le strict minimum, en plein coeur de Thamel et au meilleur prix (700 roupies après d’âpres négociations).
Alors au terme d’un périple d’un mois, le Népal, c’est comment? Et bien nous avons vraiment “kiffé”. Un dépaysement salutaire après notre aventure indienne. Loin des clichés proposés par National Geographic, Arte ou autres médias (trekks de plusieurs jours/semaines dans l’Himalaya, Sherpas, Yaks etc…), nous avons vécu une expérience particulièrement enrichissante. Nous sommes allés à la rencontre d’une population souriante et véritablement gentille. Bien sûr quelque fois intéressée par les roupies remplissant nos poches, mais de manière générale sincère et toujours prête à aider ou à prêter main forte. Un comble dans ce pays relativement pauvre qui a tellement souffert au cours des dernières années (notamment en 2015 avec les séisme). Un comble? Pas tant que ça finalement. L’éducation semble être au cœur de toutes les attentions. Que ce soit l’éducation parentale (tous les enfants nous saluaient en joignant leurs mains, en souriant et en s’écriant: Namaste!), scolaire (les élèves paraissent assidus et les professeurs, du moins ceux que nous avons rencontrés, semblaient être fort compétents), mais également spirituelle (la philosophie bouddhiste très présente au Népal inculque des valeurs de partage, de respect et d’ouverture d’esprit qui paraissent fortement encrées dans le quotidien des locaux). Ah et même l’éducation technologique!!! Le seul site internet qui est offert de manière illimitée par le premier opérateur mobile du pays n’est autre que…. Wikipédia!
Alors oui, on a eu un temps de chien pendant ce mois népalais. Mais qu’est qu’on a kiffé!
on a envie d y être !